Depuis un an, le vendredi est désormais jour chômé à la scierie Le Duff, installée au lieu-dit Kerguillerm, à Lanmeur. Face à la hausse exorbitante des coûts de l’énergie, sa directrice, Anne Le Guen, fille de Jean-Paul Le Duff, fondateur de l’entreprise en 1986, a décidé de faire passer l’ensemble des dix salariés et deux apprentis à la semaine de quatre jours. « Au plus fort de la crise, nous sommes passés de 63 € à 306 € le mégawattheure. C’était ingérable. Ça devenait un gouffre financier. D’autant qu’on ne rentrait dans aucune case pour obtenir des aides », rembobine la patronne, 30 ans et titulaire d’un master en gestion. Face à ce constat, il y avait deux choix possibles, sachant qu’il n’était pas envisageable de tout répercuter sur les prix de vente. « Soit on réduisait l’activité de la scierie, au risque de devoir licencier, soit on passait à quatre jours semaine. J’ai mis tous les chiffres sur la table. Il y a eu discussion. Et on a collectivement décidé que la deuxième option était la meilleure. »
Quatre allumages au lieu de dix par semaine
Un choix guidé par le fait que le moment où les machines consomment le plus se situe à l’allumage. « Avant, il y avait deux allumages par jour : un le matin et un l’après-midi, après la pause déjeuner. Soit dix allumages hebdomadaires, détaille Anne Le Guen. Désormais, il n’y en a plus que quatre puisqu’on travaille sur quatre jours et qu’on n’arrête plus les machines à la mi-journée, la pause du midi ayant été réduite de 90 à 30 minutes. Les économies d’électricité sont importantes. On le sent sur la trésorerie. » Idem au niveau de la consommation de carburant pour se rendre sur les chantiers.
Après une phase de test concluante, ce rythme de travail a été définitivement acté. « Certes, les salariés ne retournent plus déjeuner chez eux le midi. Mais ils n’ont plus cet aller-retour à faire non plus. Et apprécient surtout d’avoir des week-ends de trois jours », assure la directrice, à la tête d’une entreprise qui scie et usine, chaque année, plus de 5 000 m3 de bois, pour un chiffre d’affaires d’1,9 M€. L’approvisionnement en matières premières se fait exclusivement auprès d’exploitants forestiers bretons.
« Chacun y trouve son compte »
L’activité scierie s’adresse à 80 % aux particuliers. Car la société Le Duff propose du sur-mesure. La zone de chalandise ? « Toute la Bretagne, mais essentiellement le Finistère et les Côtes-d’Armor », souffle Anne Le Guen. Qui précise qu’à l’inverse, l’activité charpente, est à 90 % à destination des professionnels. « Nous sommes spécialisés dans les bâtiments agricoles et industriels. On travaille dans un rayon de 40 km autour de Lanmeur. »
Évidemment, les journées de travail sont devenues plus longues : de 8 h à 18 h d’avril à septembre et de 8 h à 17 h 30 d’octobre à mars (dont 30 minutes de pause méridienne), du lundi au jeudi. « Mais chacun y trouve son compte. Et personne n’a envie de revenir en arrière. À la scierie comme sur les chantiers charpente », conclut Anne Le Guen. En précisant qu’elle est toutefois présente au bureau le vendredi matin pour accueillir la clientèle.