Arkéa Ultim Challenge - BrestCe tour du monde était-il conforme à ce que vous aviez imaginé ?
Oui et non. Le pourcentage aventure est plus important que ce qu’on imagine avant le départ. On pense toujours à la compétition mais le ratio aventure est en réalité toujours plus important. De ce tour du monde, j‘ ai envie de retenir le départ où nous sommes tous en train de voler, le cap Horn et l’arrivée bien sûr. Cette arrivée, j’en ai rêvé. Je ne m’attendais pas à pleurer en passant la ligne, je n’ai rien contrôlé, c’est venu comme ça. C’était un soulagement parce que je me suis donné du mal pour finir ce tour du monde. Quand tu coupes la ligne d’arrivée, tout s’enlève, tout part, il n’y a plus de stress. C’est juste le bonheur.
Sportivement parlant, que pensez-vous de votre 4e place ?
Une 4e place, c’est bien. Par apport à la génération des bateaux qui sont devant moi, il n’y a pas de quoi rougir. Mais ne pas pouvoir utiliser les deux foils pendant les deux tiers du tour du monde, ça m’a énormément handicapé en vitesse. Armel Le Cléac’h (3e) a fait deux escales, moi aussi. Ma première escale au Cap m’a fait perdre une semaine. Je pense qu’il y avait moyen de… Bon, avec des si, tu changes beaucoup de choses… Mais oui, il y avait peut-être moyen de faire 3e ou 4e mais en étant plus proche du podium en termes de temps (ndlr : il termine à 14 jours du 1er et à 8 jours du 3e)
Y a-t-il eu un moment ou vous vous êtes demandé ce que vous faisiez là, seul sur votre bateau ?
Jamais ! Il y a eu des moments similaires quand tu te demandes comment, seul, tu vas réussir à gérer le truc. Notamment quand tu as un gros souci matériel. Sur ces bateaux-là, tout est énorme, tout est lourd. Quand j’ai eu des problèmes de foils, tu te demandes comment avec tes petites mains, tu vas faire pour gérer ces pièces de 400 km qui montent et qui descendent. Mais je n’ai jamais rien regretté, à me demander ce que je faisais là tout seul.
Est-ce que vous imaginez être au départ de la 2e édition dans quatre ans ?
Si j’ai l’opportunité, j’irai, mais de manière différente. Différente car quand tu as déjà fait l’exercice, tu te prépares différemment. Je suis très content de la manière dont je me suis préparé pour ce tour du monde, je ne regrette rien du tout. Je n’aurais pas fait différemment. Si tu y retournes, tu sais ce qui t’attend comme embûches, tu connais le parcours, tu vis la chose différemment. Donc oui, je veux bien resigner pour un deuxième tour : là, c’était 64 jours d’entraînement pour le prochain (rires).
Lorsqu’on rentre d’un tour du monde, de 63 jours de solitude, de quoi a-t-on envie ?
On rêve de choses simples, d’une bouffe avec des amis, d’aller chercher le pain le matin à la boulangerie. Que des détails de la vie de tous les jours. Je n’ai pas envie de vacances aux Seychelles ou ailleurs. Je rêve de choses simples et anodines
C’est quoi la suite du programme pour vous et le Team Actual ?
On remet le bateau en état pendant un mois ou deux. On doit faire quelques semaines de RP. S’il y a le Tour de Belle-Ile, ce serait cool de le faire. On aura un gros chantier au mois d’août. Et derrière, on suit le programme des Ultimes.