Elle a connu un passage à vide pendant huit ans. Pour plusieurs raisons : parce qu’en 2016, nos voisins anglais, sans doute dégoûtés par les douze victoires françaises en 14 éditions, avaient fini par se désintéresser de la course qu’ils avaient pourtant imaginée. Parce qu’une crise sanitaire mondiale, en 2020, a bien failli l’envoyer définitivement aux oubliettes. Parce que l’idée de déménager la transat anglaise en France, à Brest puis finalement à Lorient, présentait des risques d’une perte d’identité. Parce qu’en plus de quitter son pays d’origine, cette transat a aussi changé d’organisateurs, OC Sport Pen Duick, filiale du Groupe Télégramme, a pris le relais. Lorientaise pour deux éditions, 2024 et 2028, The Transat vient de s’ancrer solidement dans le Morbihan grâce notamment à l’arrivée d’un partenaire-titre, le CIC. The Transat vit une seconde jeunesse.
2 Est-elle toujours une référence ?
Oui, sans aucun doute. Les anciens comme Francis Joyon, dont « c’est le Graal », ou encore Loïck Peyron pour qui « ça reste une référence dans la course au large » le disent haut et fort. Les plus jeunes aussi, comme Amélie Grassi, 29 ans, seule femme au départ en Class40, qui s’y engage pour la première fois avec envie et humilité : « C’est une course mythique quand même ! » Même si la première des transats a maintes fois changé de nom, si elle a alterné les ports d’arrivée entre Newport, Boston et New York et récemment migré de Plymouth à Lorient, elle demeure un monument de la course au large. L’ADN n’a pas changé, à savoir l’Atlantique par la face Nord, en solitaire, contre vents et courants dominants au mois d’avril-mai. Une montagne qui se gravit avec piolet et crampons.
3 Ça change quoi qu’elle parte de Lorient ?
Ça la rend française déjà, bretonne ensuite. Le fait qu’elle soit devenue lorientaise arrange la grande majorité des 48 engagés (33 Imoca, 13 Class40 et 2 Vintage), basés pour la plupart d’entre eux dans un rayon proche, entre Lorient et Port-la-Forêt. Ça permet à Lorient La Base, référence mondiale dans la course au large, de renouer avec les grandes courses. Météorologiquement parlant, Lorient étant plus au sud que Plymouth, ça oblige à dégolfer d’entrée. Et cela peut rendre les premiers milles particulièrement inconfortables, surtout si les dépressions traînent dans les parages. Donc, ça la rend toujours aussi engagée.
4 Est-ce une bonne chose de retourner à New York ?
Oui, 100 fois oui. On aurait été ravi d’aller apprendre à danser le Charleston si la crise sanitaire n’avait pas perturbé cette 15e édition, initialement prévue entre Brest et la Caroline du Sud en 2020, mais, franchement, qui ne rêve pas d’aller faire un tour à New York ? La statue de la Liberté, Time Square, le pont de Brooklyn, celui de Verrazzano en arrivant par la mer… Après une traversée en solitaire, l’arrivée au pied des gratte-ciel de Manhattan reste un moment magique pour les marins qui n’ont aucun mal à vendre la destination à leurs sponsors. Pour autant, lorsqu’on croque la Grosse Pomme, on avale aussi quelques pépins. Comme la facture émise par les marinas privées américaines pour amarrer un Imoca de 18,28 mètres de long. Comme cette ligne d’arrivée mouillée à 120 milles (222 km) de New York afin de respecter la vitesse maxi de 10 nœuds imposée par les autorités maritimes américaines. Au pays de Moby-Dick, on n’aime pas, mais alors pas du tout, qu’on dérange les cétacés.