Vendée GlobeLa récente affaire Crémer - Le Turquais, tous deux blanchis des suspicions de routage lors du Vendée Globe 2020, a permis de mettre en lumière le problème de l’assistance et de se rendre compte qu’il y avait des zones grises. Notamment sur la question du routage et de la teneur des échanges entre la terre et la mer. Autrement dit, sur ce qu’il est possible ou pas de faire en course.
Six grandes familles, 115 questions
Consciente qu’il y avait là des points à éclaircir, la classe Imoca a envoyé 115 questions à tous les skippers. Six grandes familles de discussion avec le skipper pendant les courses ont été désignées : la direction de course (avec le médecin et le corps arbitral), le team, la famille, la presse, les sponsors et les skippers concurrents. « Les informations reçues ou envoyées par le skipper peuvent être de nature volontaire ou bien involontaire. Voici quelques questions qui nous permettront d’éclairer la règle du chapitre IV du Vendée Globe « Fondamentaux » », est-il écrit dans le questionnaire.
Dans ce document de travail, on trouve des questions dans différents domaines : la technique, l’informatique, le médical (sport, santé, bien-être), la performance, la communication et la direction de course.
Des questions techniques, telles que : « Est-ce que mon équipe peut m’alerter sur des charges excessives dans mes foils ? »
Des questions sur la télécommunication entre le large et la terre : « Je fais un live à partir du bateau, de nombreux fans veulent échanger avec moi, certains veulent m’aider et m’influencer sur ma trajectoire, je reçois des infos involontaires. Est-ce que c’est acceptable ? »
Aide psychologique, performance et routage
Les questions concernant l’aide psychologique apportée aux solitaires ont également été posées : « Est-ce que je peux communiquer avec mon préparateur mental pour obtenir un soutien mental et psychologique ? Est-ce que mon équipe peut me dire « Tiens bon, demain ça va se calmer et tu pourras te reposer » » ?
Forcément, la problématique liée à la performance pure a été abordée : « Est-ce que mon équipe peut m’inciter à choisir une route plus sage météorologiquement ? » Sans surprise, la question du routage n’a pas été écartée : « Suis-je autorisé à partager des captures d‘écran ou des images de mes options de routage ou des prévisions météorologiques avec mon équipe, un parent ou un ami à terre ? »
73,8 % pour le logiciel de surveillance
À la toute fin de ce document figurent des questions concernant les rapports entre les marins et la direction de course : « Est-ce que toutes les communications avec la direction de course doivent être sacralisées et rester confidentielles entre le skipper et la direction de course et/ou le team ? »
Enfin, à la question « seriez-vous favorable à l’installation d’un petit système/logiciel de surveillance de vos données et communications (« œil du Kremlin » ) ? », 73,8 % des skippers interrogés ont répondu oui, 14,3 % non et 11,9 % sans avis. La grande majorité des solitaires n’est donc pas contre la présence à bord d’une sorte de mouchard.
« C’est un sondage, pas un vote »
Président de la classe Imoca, Antoine Mermod, confirme l’existence de ce questionnaire : « Il est important de préciser que c’est un sondage, pas un vote. Certains skippers ont répondu en ayant les règles de course à côté quand d’autres ont juste formulé des souhaits ».
Il n’en demeure pas moins que ce pourcentage de près de 74 % est élevé. Il signifie que la majorité des skippers souhaite que cette question de l’assistance soit mieux précisée et, surtout, que la question du routage soit claire définie. « On voit que les trois quarts des marins qui ont répondu seraient favorables au fait de pouvoir contrôler plus sérieusement les communications », admet le président de la classe.
Sortir une nouvelle règle
Ce sondage sera présenté aux skippers de la classe Imoca le 19 avril prochain lors de l’assemblée générale, « l’idée finale étant de sortir une nouvelle règle », précise Antoine Mermod qui avait déjà dit que le bureau travaillait sur cette question, et ce, bien avant l’affaire Crémer-Le Turquais. « Ce questionnaire a deux fonctions : 1. Remettre le questionnement de l’assistance au centre du jeu. 2. Aller chercher les limites de la règle actuelle ».
L’objectif de ce sondage est de faire une mise à jour sur la façon dont est écrite la règle. D’ici au 10 novembre, jour du départ du Vendée Globe 2024, il y a des chances que de nouvelles règles apparaissent dans l’avis de course. À l’étude également une « charte de l’assistance », sorte de document pédagogique, afin que les personnes qui gravitent autour des projets (team, famille, amis, etc) s’engagent à respecter les mêmes règles.