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Marie Tabarly brille sur l’Ocean Globe Race : « Fière que Pen Duick VI ait gagné une course autour du monde en temps réel »
Après plus de 213 jours de course, Marie Tabarly et l‘équipage de Pen Duick VI ont remporté, ce vendredi, la 4e et dernière étape de l’Ocean Globe Race, tour du monde « à l’ancienne », disputé 50 ans plus tôt par son père Éric. Une immense fierté pour la navigatrice bretonne.
Ocean Globe Race
Finir ce tour du monde par une victoire en temps réel et en temps compensé, c‘était un objectif ?
Moi, quand je fais un truc, je le fais à fond et on le gagne. Sinon, on ne le fait pas. Ce qui m’intéresse, c’est de faire le mieux que je peux et de ne pas avoir des remords et des regrets. Depuis le départ de ce tour du monde, on a tout mis en place pour être les meilleurs, je savais qu’on pouvait gagner des étapes. On était très frustrés après les deux premières étapes que l’on aurait dû gagner mais on s’est rattrapé sur les deux dernières. On n’a jamais baissé les bras et, au final, on fait deux places de 2es et on gagne le tour du monde en temps réel.
Dans les jours à venir (*), on va savoir si on gagne en IRC, donc le classement général. Ce sera la cerise sur le gâteau, cela n’était pas prévu au départ, ce n’était pas l’objectif. Pen Duick n’est pas fait pour courir en IRC, il n’a pas été construit pour ça, il est trop vieux pour ça. Si on gagne, ce sera très bien, si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas grave. Deuxième, c’est déjà extraordinaire en sachant qu’on a pris des pénalités sur lesquelles je ne vais pas m’étendre…
Performer autour du monde avec ce bateau-là qui était au départ de cette même course 50 ans plus tôt avec votre père Éric, c’est une fierté pour vous ?
Ce qui m’intéresse, c’est qu’il y a des marins professionnels qui viennent sur un bateau qui a 50 ans, qui prennent du plaisir, qui pensent que le gréement ketch (deux mâts) est hyper agréable à naviguer. Ils te disent « waouh, mais Pen Duick VI, c’est hyper agréable, hyper fun de naviguer dessus ». C’est un super bateau. Un bateau qui t’offre plein de possibilités selon les conditions, avec plein de choix de voiles. On vient de faire huit mois autour du monde avec Pen Duick VI et franchement, on s’en fiche un peu du classement.
Plus de 213 jours de course, des escales, quatre longues étapes : dans quel état finissez-vous ?
Je suis ouverte en deux, je suis épuisée. Il y a huit mois de course autour du monde sans avoir de repos car, pendant les escales, tu travailles. Nous n’avons pas les budgets des équipes de The Ocean Race. Aux escales, tu bosses sur le bateau, tu t’occupes des partenaires. Sans oublier qu’avant même de prendre le départ, tu es déjà fatiguée car ce projet, c’est trois ans de travail en amont. Je n’étais pas rassasiée en partant de Punta del Este il y a 37 jours mais là, il était temps que ça s’arrête. Lors de cette 4e et dernière étape, quand je voyais les fronts arriver, je me disais « mais non, pas encore un front ! » Ce fut huit mois sans s’arrêter, sous pression. Quand tu as la responsabilité de chacun, tout le temps, c’est trop.
Et Pen Duick VI, dans quel état est-il ?
Ah lui, il n’est pas fatigué (rires) ! Moi, je suis fatiguée, lui, il est en pleine forme. Là, tu changes juste le gréement qui a un tour du monde au compteur, et il peut repartir autour du monde. Pen Duick VI est vraiment hallucinant. Il est juste beau ce bateau. Avec ses 22 mètres de long et ses 32 tonnes, il a rendu une vingtaine de personnes heureuses autour du monde. Cela fait huit mois que Pen Duick VI rigole autour du monde. On a vécu des sensations dingues avec lui. L’architecte André Mauric a juste construit un bateau incroyable.
Un mot sur vos équipiers et équipières ?
En deux ans de projet avec eux, il n’y a jamais eu une engueulade, jamais eu une tension, jamais. Ce sont des êtres humains exceptionnels, on s’est tous régalés pendant deux ans. Ce sont des gens qui viennent des quatre coins du monde, ils sont très complémentaires, très ouverts d’esprit. À bord, il y avait des débats mais énormément de tolérance et de respect même s’il y avait forcément des points de vue différents. À bord de Pen Duick VI, il y avait une liberté totale. Franchement, je n’arrive pas à trouver le dénominateur commun entre nous tous et dire pourquoi ça marche. On a eu plusieurs bordées, une bordée Atlantique et une bordée Indien-Pacifique, et j’ai mélangé les équipages. Et, dans les 21, ça matchait toujours. C’est une chance incroyable de vivre des moments comme ça.
Justement, la gestion d’un équipage, de la logistique, de la communication en plus d’être skipper vous avez aimé faire tout cela ?
J’ai tout aimé, je me suis régalé. Mais être DRH, directrice de la communication, navigatrice… J’avais toutes les casquettes.
Êtes-vous fière du sillage que vous laissez sur ce tour du monde ?
Je n’ai pas encore le recul nécessaire pour répondre à cette question. Je sais juste que Pen Duick VI a enfin gagné des étapes d’une course autour du monde, qu’il a gagné une course autour du monde en temps réel et que, peut-être, il va gagner en IRC. Cela aura-t-il la même valeur qu’une victoire sur un tour du monde en 1973, je n’en sais rien, je ne pense pas. À l’époque, c’était autre chose donc il n’y a pas de comparaison à faire.
Si Pen Duick VI a remporté la Transat anglaise en 1976 avec votre père, il n’a pas connu le même succès sur cette course qui s’appelait la Whitbread. Peut-on parler de revanche ?
Oui, j’ai pris une revanche dans le sens où Pen Duick VI a ses victoires : 50 ans plus tard, on a prouvé que ce bateau était un très bon bateau. Après, ce ne sont pas les mêmes conditions, ce ne sont pas les mêmes personnes. Je suis juste contente de voir que ce bateau, qui a 51 ans, gagne et est en parfait état. Il est reparti pour 50 ans. Pen Duick VI n’avait pas besoin de moi pour prouver que c’était un très bon bateau. Mais là, on a gravé des choses dans le marbre.
Avant de partir, vous parliez d‘héritage, celui du bateau, de la course, de votre héritage personnel…
Mon équipage avait très peu de notions de cet héritage, de « qui était Éric Tabarly », « quelle était l’histoire du bateau ». C’est en naviguant sur le bateau qu’ils se sont rendu compte qui était mon père, ce qu’était ce bateau à son époque.
De la course au large sur un bateau moderne, ça vous tente d‘y retourner ?
Je ne suis pas carriériste. Alexia Barrier m’a appelé pour son projet (ndlr : équipage 100 % féminin en maxi-trimaran sur le Trophée Jules-Verne 2025), je vais voir ce qu’il en sort. Cela fait trois ans que je ne me suis pas arrêtée. Physiquement, j’ai mal à pas mal d’endroits du corps. Trois ans de construction de projet et huit mois de mer derrière, c’est dur, ça tire. Donc avant d’aller faire la guignol sur la plage avant d’un bateau de course (rires)… Il va falloir que je me remette en forme, il y a du boulot. Si je ne fais pas du bateau de course, ce sera du bateau classique et si ce n’est pas ça, ce sera un autre truc. J’ai lancé plein de graines en l’air, on verra ce qui va pousser.
Après la mer, ça pourrait être un retour à la terre, au cheval, votre passion ?
Bien sûr, j’ai mon poulain Qashmir qui est en train de grandir : il a quatre ans, il va falloir que je m’en occupe.
Quand pensez-vous mettre le cap sur Lorient ?
Je pense que ce sera le week-end prochain (20-21 avril), ce serait bien.
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