Gestes déplacés, comportements inappropriés, agressions sexuelles… Le sport, hélas, n‘échappe pas à toutes ces formes de violence. Ces dernières années, plusieurs fédérations françaises se sont ainsi retrouvées empêtrées dans des affaires : entre 2020 et 2022, le cas de Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace, poussé à la démission pour avoir couvert un entraîneur mis en cause pour viols et agressions sexuelles, a fait grand bruit.
Athlétisme, hand, gymnastique…
Plus récemment, en athlétisme, il y a ces accusations de harcèlement sexuel à l’encontre d’un coureur de demi-fond (Jimmy Gressier), celle d’un joueur de handball (Benoît Kounkoud) pour une tentative de viol en boîte de nuit (sur ce cas précis, la fédé de hand a estimé qu’elle n’était pas compétente pour juger) ou encore cet entraîneur national de gymnastique féminine, suspendu début mars par sa fédération.
Jusque-là épargnée par ce genre d‘affaire, la Fédération française de voile s’est retrouvée confrontée, en mai 2023, au cas Escoffier, soupçonné de « comportement inapproprié envers une femme », dans un bar à Newport (États-Unis) lors d’une escale de The Ocean Race.
L‘affaire prend de l’ampleur quand Jean-Luc Denéchau, président de la FFVoile, décide de faire un signalement auprès du ministère des Sports. « C’est mon devoir de président d’agir avec la plus grande fermeté face à ce genre de situations très désagréables », déclare-t-il dans les colonnes du Télégramme. Dans la foulée, le parquet de Paris ouvre une enquête contre le skipper.
« Nous ne sommes pas un tribunal »
Le Malouin écope d’une suspension de 18 mois ainsi que d’un retrait provisoire de sa licence pendant cinq ans avec sursis. Une suspension récemment retoquée par la commission du CNOSF. « On en prend bonne note et on s’exécute », dit Denéchau, surpris par cette décision et qui a déjà annoncé qu‘il allait solliciter le ministère chargé des Sports et le CNOSF afin que soit » clarifié et mieux encadré juridiquement » le rôle des fédérations en matière disciplinaire concernant les faits de violences sexistes et sexuelles.
Et le président, qui estime que la Fédération « a fait son travail » dans le cas Escoffier, de pointer les limites des commissions disciplinaires : « Nous ne sommes pas un tribunal, nous n’en avons pas les pouvoirs, ni les moyens. Les fédérations sont en première ligne car, dans le timing, ce sont elles qui doivent répondre en premier ».
Avec cette question lancinante : ne faudrait-il pas attendre que la justice se prononce avant que les fédérations ne prennent des sanctions ? « C’est un débat qui peut exister », admet Denéchau.