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Coupe de l’America : trois jours en immersion avec le Défi français à Barcelone
À six mois de la Coupe de l’America, le Défi français « Orient Express Racing Team » monte en puissance à Barcelone où aura lieu la 37e édition. Nous avons passé trois jours en immersion totale avec les Bleus.
Coupe de l’America, du 29 août au 27 octobre à Barcelone
Il fait gris, il pleut même en cette fin mars à Barcelone. « Un vrai temps breton », plaisante la Vannetaise Caroline Muller, directrice de la communication du projet français, qui nous accueille sous le pont de l‘Europe. C’est là que le Défi tricolore a installé sa base de 5 000 m², dans l’ancien terminal des ferrys. « Comme nous sommes arrivés les derniers, on est un peu excentré par rapport aux autres défis mais on est bien ici : on voit nos adversaires entrer et sortir… », note le Lorientais Louis Viat, 37 ans, directeur des opérations.
La base française, opérationnelle depuis huit mois, est certes moins clinquante que celles des défis (*) les plus riches, mais la Cup ne se gagne pas sur l‘élégance d’un village. Les modules ont été rachetés d’occasion aux organisateurs de The Ocean Race 2017, il y a des conteneurs partout, deux tentes pour abriter les deux bateaux, l’AC40, déjà présent et l’AC75, construit au chantier Multiplast à Vannes et arrivé en catimini cette semaine en Espagne.
Une page blanche
La 37e édition de la plus vieille compétition sportive au monde, du haut de ses 173 ans, aura donc lieu à Barcelone. Ainsi en ont décidé les Néo-Zélandais, vainqueurs de la dernière édition en 2021. Des Kiwis qui ont notamment permis aux Français de gagner un temps précieux en leur vendant leur « design package », en leur donnant la possibilité de construire le même bateau que le leur. Un gain de temps considérable et la quasi-certitude d‘avoir une machine performante.
En février 2023 pourtant, ils n‘étaient que six frenchies à croire au projet, les deux initiateurs, Stéphane Kandler et Bruno Dubois, Franck Cammas forcément, l’architecte Benjamin Muyl, et l’actuel directeur technique, Antoine Caraz. « On est parti d’une page blanche. Nous sommes actuellement 50 et pendant l’événement, nous serons 120 », précise Louis Viat, également au départ de l’aventure.
Depuis août dernier, le Défi s‘entraîne sur l’AC40, monocoque volant de 2,2 tonnes utilisé par les cinq Challengers lors des épreuves éliminatoires. Un jouet tout en carbone à 2 millions d’euros, suivi à chaque sortie par le bateau à moteur des coachs. Un semi-rigide propulsé par trois hors-bord de 300 CV qui ne suffisent parfois pas à suivre le monocoque lancé à plus de 45 nœuds.
« C‘est une autre voile ici »
À bord de l‘AC40, bateau dépourvu de quille mais équipé d’un autopilote, il n’y a plus beaucoup de bouts. Ici, c’est le règne de l’électronique, de l’hydraulique, des ordinateurs et des datas. « Les trois grosses batteries au lithium servent à alimenter les systèmes du bord », précise Antoine Rucard, 29, qui nous fait la visite. Le boat-captain, originaire de Plouguerneau, se régale dans ce projet tricolore. « Un projet Coupe de l’America, c’est ce qui se fait de mieux ».
Sur l‘AC40, ils ne sont que quatre marins, quatre pilotes devrait-on dire : un équipage de chaque côté. À tribord, les deux Vannetais, Quentin Delapierre et Matthieu Vandamme. Au vent, le premier barre, le second règle la grand-voile. Quand le bateau vire ou empanne, le duo bâbord, Kevin Péponnet - Jason Sanders, prend le relais, Delapierre et Vandamme devenant alors régleur du vol pour l’un, régleur du foc pour l’autre. On est loin de la voile traditionnelle. « C’est de l’aéronautique », note Valentin Fouchier, spécialiste des datas.
Une voile de très haut niveau où, ne l‘oublions pas, sont nés les bateaux volants en 2013. Derrière chaque naviguant, se cachent des dizaines d’intervenants. On parle ici d’une soixantaine de métiers différents. « La Coupe reste un challenge monstrueux, selon Louis Viat. En un an, on a embauché 120 personnes et construit un bateau en dix mois ».
En attendant de naviguer sur l’AC75, le bateau, les navigants passent des heures à s’entraîner sur deux simulateurs. Simulateurs qui permettent, au sec, de rattraper le temps perdu. « De prendre de la confiance, d’apprendre les automatismes surtout », dit Benjamin Muyl, architecte du team et concepteur des simulateurs. « Nous, c’est simplicité et efficacité. On va à l’essentiel », dit Bruno Dubois, directeur général.
Avec son budget estimé à 30 millions d‘euros (soit 3 à 4 fois moins que certains Challengers), le Défi français, soutenu par le Groupe Accor en tant que partenaire titre mais aussi par L’Oréal et Alpine, a également engagé deux autres équipes, des jeunes âgés de 18 à 25 ans (mixte) et, pour la première fois, un équipage 100 % féminin sur cet événement planétaire qui va s’étaler du 29 août au 27 octobre.
Dans l‘univers si particulier de l’America’s Cup, où les Néo-Zélandais ont déjà démontré que l’argent ne faisait pas tout, le Défi tricolore semble bien armé. Il regarde aujourd’hui les quatre autres Challengers dans les yeux. Quentin Delapierre et ses équipiers montrent régulièrement sur le circuit SailGP qu’ils peuvent battre les meilleurs. « On est légitime d’être là, on ne craint personne », affirme le Vannetais.
Les Français sont pris au sérieux. Et ça, c’est nouveau.
(*) : Ineos Britannia (Grande-Bretagne/Challenger of record), Alinghi Racing (Suisse), Luna Rossa Prada Pirelli (Italie), American Magic (USA) et Emirates Team New Zealand (Defender)
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