Tour de Belle-Île, départ ce samedi à 10 hLe départ de Pierre Quiroga vous a permis de prendre la barre de cet Ocean Fifty Viabilis ?
Je n’ai pas de pression supplémentaire après le départ de Pierre. Aujourd’hui, si on m’a proposé ce projet, c’est pour ce que je suis. L’objectif est de prendre ce projet à ma manière et avec le marin que je suis et une courbe de progression qui est la mienne. La saison dernière, j’avais fait les deux premières étapes du Pro Sailing Tour avec Pierre Quiroga et ensuite, j’ai ramené le bateau en convoyage après la Transat Jacques Vabre. J’ai navigué un peu à bord mais je suis loin d’avoir fait toute la saison.
C’est une belle opportunité qui s’est présentée à vous à seulement 27 ans ?
Ces Ocean Fifty sont des bateaux qui, depuis que j’ai les yeux rivés sur la course au large, me font rêver. D’avoir navigué à bord l’an passé, ça m’a donné encore plus envie. Avoir l’opportunité de pendre la barre de ce bateau et ce projet, c’est dingue !
Qu’est-ce que ça change de devenir skipper ?
Ça change pas mal au niveau de la responsabilité. Mais aujourd’hui, je ne navigue pas avec la boule au ventre. On a construit nos premières sorties avec des étapes à valider. Les bords au travers sur ces bateaux sont plus tendus. Mais ça va bien. Pour être complètement confiant, il faut en passer par là. Et à chaque fin de sortir, on revient avec un niveau de confiance un peu plus élevé, donc c’est cool.
Vous venez du match-racing qu’est-ce qui vous attire dans la course au large ?
J’ai commencé par du Laser assez tard par rapport à mes concurrents. Je suis originaire de Cholet, ce n’est pas très ouvert sur l’océan (rires). Mais depuis tout petit, j’aime les bateaux. Cholet a l’avantage de ne pas être très loin des Sables d’Olonne. Mes parents m’ont amené sur les pontons du Vendée Globe en 2004. Je me suis passionné pour la course avant que ça ne devienne mon sport. En grandissant, j’ai découvert le club de voile à Cholet. A l’université, j’étais à Nantes et il y a une section voile haut niveau dirigée par Luc Pillot. On est quelques-uns à être passés par là : Benjamin Dutreux, Sébastien SImon, Frédéric Denis… ça m’a ouvert pas mal de portes. J’ai intégré un super équipage de match-racing pendant six ans avec lequel on a gagné pas mal de titres.
Vous avez une bonne base de régatier : comment est venue la course au large ?
J’ai intégré l’écurie BE Racing (de Servane Escoffier et Louis Burton) en 2021 par la sélection espoir. J’ai fait deux Transat Jacques Vabre (40e en Class40 en 2021 ; 20e en 2023) et une Route du Rhum (18e Class40 en 2022).
Après le Class40, place à l’Ocean Fifty : comment va se dérouler la saison ?
Elle va être intense : on démarre par un premier acte à Saint-Malo (22 - 26 mai) avant d’enchaîner. Ce qui est bien pour moi et le projet, c’est que c’est une saison en équipage. Ça va me permettre de naviguer avec des gens qui ont de l’expérience. On a construit cette saison avec cette cohérence.
L’idée est de faire la Route du Rhum 2026 ?
C’est l’objectif. Apprendre à bien manier le support et pouvoir tirer dessus comme on vient de le faire en entraînement avec des pointes de vitesse à plus de 30 nœuds. En tant que marin, réussir à gérer ces « machines de guerre » qui sont toujours sur un fil… Pour l’équipage, on est un peu tôt pour en parler. Je n’aurais pas encore l’équipage sur le Tour de Belle-Île, il y aura aussi les partenaires.
Justement quel équipage aurez-vous pour le Tour de Belle-Île?
Il y aura donc quelques partenaires et on va en profiter pour faire le lancement de saison avec une partie de l’équipe technique. C’était aussi un objectif dans la préparation hivernale de se dire qu’il fallait qu’on soit prêts à cette date quelques jours avant le début de la saison Ocean Fifty. POur le plaisir et ça va nous permettre de nous mettre en place tranquillement.
Est-ce que ce sera votre premier Tour de Belle-Île ?
Non, je l’ai déjà en 2014. C’était vraiment sur un bateau de croisière avec le club de voile à Cholet en mode découverte. C’était sur un First 31.7. Ce qui est sûr, c’est que je regardais déjà ces grands monocoques et multicoques de course avec des grands yeux. Surtout quand ils nous ont doublés au retour à plus de 30 nœuds. On n’était pas encore sorti de la baie de Quiberon qu’ils faisaient leur retour. C’était impressionnant (rires) ! J’en avais pris plein les yeux. Il y a 350 bateaux… Là, sur cet Ocean Fifty, ça va être une autre approche. Mais il y a quand même une ligne de départ dégagée.
Il y a quatre ans Thibault Vauchel Camus sur un Ocean Fifty avait mis 5 h 56’36’’ à faire le tour : est-ce un objectif ?
Si on peut on ne s’en privera pas. Mais évidemment, comme la date est fixe, ça dépend vraiment de la météo. Ça devrait être un peu alimenté en vent quand même donc il y a moyen de faire un bon temps et d’avoir des bords rapides.