Ligue 1 (27e journée) : Lorient - Brest, dimanche (13 h)En août dernier, vous aviez affirmé : « en signant ici, je savais très bien qu’on n’allait pas se battre pour la Ligue des champions ». On peut dire que vous avez eu le nez creux…
(Il éclate de rire) Je ne m’en souviens pas mais je pense que peu de gens auraient mis une pièce sur nous, nous les premiers ! Certaines équipes sont programmées pour jouer le haut du tableau et clairement, ce n’était pas notre cas. On savait qu’il y avait de la qualité dans l’effectif mais de là à se retrouver deuxième à huit journées de la fin… Ce qu’on vit est inattendu, inespéré, mais on se sent bien en haut. Sans se prendre la tête.
Quel est votre principal motif de satisfaction, jusqu’à présent ?
Que les gens se régalent à nous voir : l’état d’esprit affiché par tout le groupe fait qu’on a des bons résultats mais on a une bonne image, aussi. On sait déjà qu’on restera dans les mémoires, et c’est très valorisant. Cela ne nous empêche pas de rester ambitieux, au contraire : on ne va pas se contenter de ce qu’on a déjà. On veut marquer l’histoire du Stade Brestois, jusqu’au bout.
À titre personnel, vous n’avez que rarement été titulaire (*), tout en étant celui du banc qui joue le plus. Votre temps de jeu vous satisfait-il ?
Non. J’ai toujours été un compétiteur, et je pense même que ce serait une erreur si je me contentais d’être remplaçant. Si j’avais été dans cette situation dans un club jouant le maintien, ça aurait même été compliqué, mais là, comme on gagne, c’est forcément différent : je ne me contente pas de ce que j’ai, mais j’accepte. Et j’ai quand même le sentiment d’avoir un rôle parce que je joue tous les matchs. Je pense ne pas avoir grand-chose à me reprocher au quotidien ou quand je rentre en jeu, comme tous ceux qui le font d’ailleurs, parce que les entrants ont souvent fait la différence.
« On joue sans pression. Personne ne se dit : « P…, si on n’est pas en Europe, on aura raté notre saison ! ». Pas du tout ! Peut-être que ça viendra mais pas pour l’instant. Notre saison est quoi qu’il arrive déjà réussie. Le reste, ce n’est que du bonus. Par contre, ce bonus, on veut aller le chercher… »
Le paradoxe de votre situation est que, malgré ce temps de jeu réduit, vous êtes associé à la réussite du club. Jouer une demi-heure par match est donc suffisant pour s’exprimer ?
Ça me fait plaisir de voir que mon travail ne passe pas inaperçu, parce que dans le secteur de jeu où j’évolue, c’est parfois plus difficile de faire des « stats », ce qu’on retient avant tout. Quand je rentre, la première chose que le coach me demande est de garder le ballon, de faire courir l’adversaire ou de mettre de l’intensité selon les matchs. J’aimerais avoir plus de temps pour montrer mes qualités, mais là, le coach compte sur moi en tant que « finisseur », comme Mathias (Pereira-Lage), Jérém’ (Le Douaron) quand il tourne, Martin (Satriano) ou Kamo (Doumbia). Je reste à ma place et j’essaie de faire le boulot.
Pensiez-vous jouer plus en signant ici ?
Bien sûr ! J’aurais pu rester à Lille, mais en venant ici - un club qui au départ ne joue que le maintien - c’était pour avoir plus de temps de jeu, clairement. Alors, j’en ai plus – c’était difficile de faire pire – mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, non, car quand tu arrives d’un club plus huppé, tu penses apporter tout de suite. Est-ce que je préférerais jouer plus dans une équipe jouant le maintien ? Je n’ai pas la réponse. Mais je ne regrette rien et, au contraire, je veux garder une attitude positive. Je me dis que si je me qualifie pour l’Europe avec Brest, je l’aurais fait dans tous les clubs où je suis passé en Ligue 1 (Montpellier, Strasbourg, Rennes, Lille).
Pensez-vous que cette expérience puisse, justement, être un atout dans le « money-time » de la saison ?
Ça ne peut pas faire de mal en tout cas ! Mais ce que je ressens avant tout, c’est qu’on joue sans pression. Personne ne se dit : « P…, si on n’est pas en Europe, on aura raté notre saison ! ». Pas du tout ! Peut-être que ça viendra mais pas pour l’instant. La pression, je l’ai ressentie quand j’étais à Rennes ou Lille, où même quand tu es 5e, le président vient dans le vestiaire pour te dire que ça ne suffit pas. Là, notre saison est quoi qu’il arrive déjà réussie. Le reste, ce n’est que du bonus. Par contre, ce bonus, on veut aller le chercher…
Il y a un derby qui se profile. Quels sont ceux des plus chauds que vous ayez connus ?
Betis-FC Seville, c’était incroyable. Le matin du match, le terrain d’entraînement de 5 000 places ne suffit pas pour accueillir tout le monde. Pour arriver au stade, le bus doit fendre une foule dingue. On l’avait perdu, et on nous avait prévenus de ne pas aller faire nos courses pendant une semaine. Là, la pression, tu la ressens vraiment. Après, Lens-Lille, c’est pas mal aussi, ou Rennes-Nantes. Le match contre Lorient aussi, on sent bien qu’il compte pour les supporters : après la victoire à l’aller, on avait pu le vérifier. Un derby, c’est toujours particulier : les classements sont mis de côté.
(*) Jonas Martin a été titularisé à six reprises en championnat (plus trois fois en Coupe de France), pour un total de 804’pour 25 apparitions (en 26 matchs). Soit 30’ en moyenne par match.
