Ligue 1 (31e journée). Stade Rennais - Stade Brestois : 4-5« J’me sens invincible ! » Dans les entrailles d’un Roazhon Park incandescent, dans leur vestiaire visiteurs tout aussi bouillant, les joueurs du Stade Brestois ont poussé les basses à fond, dimanche, après un énième match de folie qui rend leur saison davantage dantesque. À Rennes, dans un derby de dingue, le Stade Brestois a remporté une formidable bataille qui restera gravée dans l’histoire d’un club qui a su repousser les limites au-delà de l’imaginable. Le premier titre lancé par les « ambianceurs » du groupe était une chanson de Sexion d’Assaut. Ce refrain, « j’me sens invincible », a été repris en chœur par ces Brestois ô combien historiques.
« J’me sens invincible ». Quelques mots tellement à propos après la nouvelle rencontre fabuleuse de dimanche, qui a vu toute une ville toucher enfin les étoiles promises. Menés 2-0 à la 9e, devant à 4-2 à la 66e, rattrapés à 4-4 (79’) et victorieux au bout de la septième minute d’arrêt de jeu, les joueurs d’Éric Roy ont vécu les montagnes russes à Rennes. Celle qu’ils ont atteinte se nomme l’Everest, la plus grande d’entre elles : à trois journées de la fin du championnat, ils ne peuvent plus tomber plus bas que la cinquième place, synonyme a minima de qualification en Ligue Europa.
« Une équipe de fous »
Troisième de Ligue 1, mis sous pression dans l’après-midi par les victoires de Lille puis Nice, Brest a assumé son rang et ne se contentera pas de la plus petite des Coupes d’Europe. Ce grand Stade Brestois vise les sommets et la Ligue des champions. Il en a les armes. Car l’exploit est en marche et celui de dimanche n’est sans doute qu’une partie de ce qui s’annonce jusqu’au 18 mai.
« Stade Brestois Coupe d’Europe ! » C’est ainsi, en chantonnant, dans un sourire malicieux et évocateur, que Pierre-Lees Melou a quitté la zone mixte, dimanche. Un autre refrain que lui et ses coéquipiers avaient superbement partagé avec les 1 300 fans brestois présents dans le parcage du Roazhon Park. L’émotion se lisait alors sur les visages. Sur celui du capitaine Brendan Chardonnet, marqué par une émotion non feinte. Sur ceux des supporters brestois, certains en pleurs, accrochés aux grillages et prêts à aller enlacer et embrasser leur héros. « Ce que je ressens…. Il ne faut pas être cardiaque avec nous mais il y a beaucoup de fierté, confiait sereinement l’enfant du pays, qui avait signé son premier contrat pro en 2013 et a atteint le Nirvana au Roazhon Park. « Pouah… J’ai connu le tout début, la Ligue 2, et là on va découvrir l’Europe », soufflait à son tour Hugo Magnetti, les yeux rougis par un scénario sensationnel. Magnetti, ce petit bonhomme qui représente le mieux d’état d’esprit « d’une équipe de fous, et je suis tellement content d’en faire partie ! »
« On a travaillé dur pour en arriver là »
Premier entraîneur à qualifier le Stade Brestois pour une Coupe d’Europe, Éric Roy, qui mériterait presque sa statue dans la cité du Ponant, évoquait « cette qualité, ces valeurs car il y a un an, c’est notre maintien qu’on validait. Le chemin parcouru en un douze mois est incroyable et il ne faut pas banaliser ce qui arrive. Nous sommes troisièmes à trois journées de la fin derrière les mastodontes que sont Paris et Monaco. Je suis un coach tellement heureux ! » « C’est exceptionnel, c’est un moment magique », confiait aussi Steve Mounié, formidable d’abnégation et de générosité, sans doute l’homme du match de ce chef-d’œuvre.
« C’est une continuité, on a travaillé dur pour en arriver là, se satisfaisait enfin Grégory Lorenzi, directeur sportif et bâtisseur d’un projet à l’aboutissement extraordinaire. Nous devrons garder cette humilité mais je suis très fier, même si je ne suis pas quelqu’un de très démonstratif. Quand on prend le club, il y a huit ans, qu’on était en Ligue 2, on avait huit joueurs... Aujourd’hui être qualifié pour une Coupe d’Europe, c’est magique ! Magique, comme les émotions qu’on partage avec notre public, on est porté par tout ça…. »