Grâce à des supporters comme Corentin, le FC Lorient ne sera jamais seul. Comme le dit le chant de supporters, eux deux, « c’est pour la vie ». Ce Conseiller principal d’éducation accro au football et au club de la ville aux six ports voit, paradoxalement, plus son équipe jouer à l’extérieur qu’à domicile. Le supporter de 29 ans travaille à Stains, en Seine-Saint-Denis, son point de départ pour aller voir les matchs du FC Lorient partout en France. « J’ai vu le FC Lorient jouer 267 fois depuis 2010 », lance-t-il en consultant une application dédiée. Cela fait 19 matches par an en moyenne. Pas mal pour quelqu’un qui vit à plus de 500 km du Moustoir !
Quand on supporte un club comme le FCL, on sait qu’on va perdre plus de matchs qu’en gagner, qu’on va descendre mais on suit plus qu’un club, c’est une ville, un attachement à un territoire
Tourisme footballistique
Son histoire avec le FCL est, comme souvent, familiale. « Je me souviens de mon premier match, c’était contre Besançon, en coupe de la Ligue, en plein hiver. Ça s’était terminé en 0-0 avant les pénaltys. Quand on revient après ça, c’est qu’on aime ça », sourit Corentin. Ses week-ends sont très souvent consacrés à bourlinguer. Il sera d’ailleurs encore de la fête ce vendredi à Lens, un stade qu’il va découvrir car le supporter essaye de cocher toutes les cases de la cartographie des stades de Ligue 1. « On reste tout le week-end, on en profite pour découvrir des villes. Je suis allé à Metz, ça ne serait jamais arrivé sans le foot ! » Corentin ne voyage jamais seul mais avec d’autres irréductibles qui, comme lui, font des centaines de kilomètres tous les quinze jours pour voir leur équipe jouer. Et parfois perdre. Souvent cette saison. Pas de quoi cependant éteindre la flamme tango qui anime Corentin. « Je suis toujours tout content d’y aller et à chaque fois je rentre énervé… mais j’y retourne le week-end d’après. Quand on supporte un club comme le FCL, on sait qu’on va perdre plus de matchs qu’en gagner, qu’on va descendre à un moment mais on suit plus qu’un club, c’est une ville, un attachement à un territoire, on supporte le CEP au basket, Vannes en rugby par exemple. Bon, ça ne va pas jusqu’à Brest non plus ! », vanne Corentin.
Le football, arme de sociabilisation
Sur le réseau social X (ex-Twitter), il se fait appeler JC Darch’, en hommage à l’attaquant Jean-Claude Darcheville qui a marqué le club de 1999 à 2002. Ses analyses à chaud des matches du FCL sont acérées et, avec ses 2 200 abonnés, il s’est créé une véritable communauté. « C’est un moyen d’extérioriser sa frustration. D’autres en parlent à leur femme, leur voisin, moi, c’est à Twitter. C’est une caisse de résonance grâce à laquelle je me suis fait des amis, notamment le groupe de la Tavarn ou le footballer Jérôme Hergault ». Il a aussi rencontré des copains aux Merlus de Paris : l’association regroupe une centaine d’adhérents et se retrouve pour voir les matchs au bar Le Truskel, organise des déplacements… « Un bout de Lorient à Paris ». Mais Corentin est inquiet pour l’avenir du club à cause de la multipropriété. « Beaucoup de choses ont évolué en deux, trois ans. L’ADN a changé. On va descendre, Bill Foley va reprendre les rênes et là, on aura perdu le FCL tel qu’on le connaît », craint le supporter. Il n’est pas optimiste quant aux chances de maintien du FCL. Sa seule certitude : il sera là même en Ligue 2. « On ira découvrir d’autres villes », conclut-il dans un sourire.