Cela ne se voit pas forcément au premier coup d’œil et pourtant, sur les 370 bateaux amarrés au port de Lorient, une trentaine est habitée toute l’année et ce chiffre atteint la cinquantaine en dehors de la période estivale. « C’est un petit village », résume Lionel Heriquet, le maître du port de plaisance de Lorient.
Réaménager les espaces de vie
« On a pensé à eux lorsqu’on a réaménagé la capitainerie il y a neuf ans », détaille-t-il. Finies les douches étriquées en mode camping. Les sanitaires ont été complètement revus, et de vraies cabines spacieuses ont été installées. Dans la laverie, on capte le wifi, et il y a même un sauna. « On a aussi pensé à créer des cases pour le courrier, et il y a un petit salon. Les anciens viennent lire le journal ».
Dans la laverie, accoudé à une table, un résident profite des rayons de soleil qui traversent la pièce : « ils sont rares dans un bateau ». Il vit au port depuis 18 ans. « Nous partageons tous la même passion, une forme de communauté. Depuis que je suis ici, j’ai vu passer beaucoup de monde, mais à vrai dire, je connais surtout les habitants par le nom de leur bateau ».
Un esprit d’entraide
Au port de Lorient vivent plusieurs profils. Il y a ceux qui sont là depuis longtemps, ceux qui s’installent le temps de retaper leur bateau avant de repartir pour d’autres aventures maritimes, ceux qui sont là le temps d’une formation et qui ont pris l’option bateau plutôt que l’option appart. « Il y a quelques familles, mais ce sont en majorité des hommes qui vivent seuls sur leur bateau », observe Lionel Heriquet.
Parmi ces familles, il y a celle de Damien qui réside au port depuis septembre avec sa femme et ses deux enfants de 12 et 8 ans. « La petite de 8 ans adore ça, elle vient avec ses copines sur le bateau, ça fait un peu cabane ». Pour ce qui est de l’esprit de communauté, le père l’observe surtout dans l’entraide qui réside sur le port : « Dès que quelqu’un est dans la galère, on propose notre aide ».
Avant, on recevait des cartons d’invitation dans nos boîtes aux lettres pour fêter Noël à la capitainerie.
Chacun son surnom
Édouard ou Doudou, son surnom sur le port, confirme : « Un ami a déchiré sa voile il y a quelques jours. Ma compagne et moi, on lui a proposé d’utiliser notre machine à coudre pour voile », déclare le Malouin qui a rejoint sa compagne à Lorient depuis quinze jours. « Évidemment, on noue des liens », rajoute-t-il.
Cyrille Moyon, aussi connu sous le nom Cap’tain Bouclette, puisque le surnom est une coutume parmi les habitants du port de Lorient, habite sur son bateau depuis 2011. « On fait la fête des voisins mais c’est vrai qu’en ce moment, surtout depuis le Covid 19, on a moins cet esprit de communauté. Avant, on recevait des cartons d’invitation pour fêter Noël à la capitainerie, mais c’est fini. Ce serait bien de relancer la machine ! », espère le résident qui compte bien profiter du retour du soleil après un hiver passé dans son bateau.