« Heureusement on n’a consommé que des petites quantités… » L’organisateur d’un stage de cuisine dans le Morbihan se dit qu’il a peut-être évité le pire. Jeudi 25 avril, à Arzal (Morbihan), une vingtaine de participants ont été intoxiqués par le datura stramonium, surnommée parfois la « plante du diable ».
L’identité du coupable ne faisait guère de doute. « On avait fait deux préparations avec deux farines différentes donc on a vite compris d’où venait le problème », se rappelle-t-il. La plante (très) toxique se cachait donc dans la farine bio utilisée pour la confection des galettes, ce qui n’est pas une première.
« Si on avait mangé quatre ou cinq galettes... »
Finalement, plus de peur que de mal pour les stagiaires en « cuisine et empreinte écologique ». « Une personne est allée aux urgences pour se faire contrôler mais personne n’a eu de séquelles », témoigne-t-il.
Bouche sèche, pupilles dilatées, troubles cognitifs… Les symptômes étaient impressionnants. « Certains ne terminaient pas leurs phrases ou avaient des pertes de mémoire », se souvient l’organisateur du stage, qui a été « quelque peu dépassé » par le déploiement des secours et autres moyens mis en place par les autorités sanitaires.
La faute en revient aux alcaloïdes que renferme le datura. Ils peuvent, en effet, entraîner de graves complications selon la dose ingérée. « Heureusement, on a mangé une galette par personne, mais si on en avait mangé quatre ou cinq, ça aurait été moins drôle », ajoute-t-il.
La production de blé noir particulièrement exposée
La farine contaminée a rapidement fait l’objet d’un rappel, après enquête de l’Agence régionale de santé. Ce genre d’alertes se multiplient ces dernières années. En septembre dernier, six autres farines de blé noir ont fait l’objet de pareille mesure.
Ce n’est pas un hasard si cette farine est ponctuellement retirée du marché, tout comme les surgelés ou conserves de haricots verts ou de petits pois. Ces produits sont récoltés en été, au moment où les graines de datura arrivent à maturité, comme l’explique Xavier Reboud, chercheur en agroécologie à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), dans une publication pour le site The conversation. Cette maudite adventice se glisse alors dans la récolte, le tamis des moissonneuses ou les trieurs optiques n’arrivant pas toujours à faire le tri.
Avec l’interdiction des herbicides dans l’agriculture biologique, la plante a également plus de chances de proliférer. Cependant, il existe de nombreux moyens permettant de lutter contre cette plante sans recourir aux produits phytosanitaires, comme la rotation de cultures.
Une plante toxique de plus en plus présente en Bretagne
Le datura a longtemps posé problème essentiellement dans le sud de la France. Mais il s’est répandu dans le nord de la France, notamment en Bretagne. La cause n’est pas identifiée, bien que le réchauffement climatique soit une des pistes, souligne Xavier Reboud.
Plusieurs centaines de contrôles chez les producteurs sont réalisées, chaque année, par les agents de l’État. Ils sont « ciblés sur les produits ou les modes de production les plus à risques pour les consommateurs », indique le ministère de l’Agriculture.