Cinq sur six à l‘arrivée : les Ultimes ont pleinement gagné leur pari, les organisateurs et partenaires de l’Arkéa Ultim Challenge - Brest aussi. Cette première édition du tour du monde en course, en solitaire et en Ultime est un succès. Rendez-vous est déjà pris pour 2027-2028.
Cinq bateaux sur les six engagés ont bouclé la boucle, qui l‘eut cru ? Pas grand monde le 7 janvier, jour du grand départ. À l’arrivée, on a retenu cette phrase du vainqueur, Charles Caudrelier, venu accueillir Anthony Marchand, 4e : « Tu as fini, donc tu as gagné ! »
Seul le prometteur Tom Laperche a tout perdu lors d‘un choc violent avec un objet flottant non identifié. La course du skipper de SVR Lazartigue aura duré seulement onze jours. Bien trop peu.
Avec autant de bateaux à l‘arrivée, on sait maintenant qu’il est possible de faire le tour du monde en solitaire et en course, de voler dans les mers du Sud, pays des albatros. À écouter les marins à leur retour sur terre, on a bien compris que cette circumnavigation était bien l’exercice ultime. Jamais des bateaux n’auront aussi bien porté leur nom. « En termes d’engagement et difficulté, c’est dix fois le Vendée Globe », a lâché Armel Le Cléac’h. Si le Chacal, qui compte trois participations au Vendée Globe, dont une victoire le dit…
De retour à terre, les solitaires ont aussi beaucoup parlé d‘aventure. Ils partaient pour une régate planétaire, ils ont basculé dans une autre dimension. Tous sont rentrés avec le même sentiment, « d’être allé au bout », d’eux-mêmes. D’avoir tout donné. Et plus encore. Après 50 ou 65 jours, la ligne d’arrivée a sonné comme une vraie délivrance : « Quand tu coupes la ligne, tout s’enlève, tout part, il n’y a plus de stress », a dit Marchand, ému aux larmes.
Ce tour du monde a aussi été marqué par les escales techniques, autorisées avec l‘obligation de s’arrêter 24 heures. Est-ce trop ? Faut-il les diviser par deux, par trois, voire carrément les supprimer ?
La question est posée, les avis des uns et des autres divergent. « Je constate juste que, sans les escales, il n’y aurait sans doute eu aucun bateau à l’arrivée », analyse Ronan Lucas, Team manager de Banque Populaire.
C‘est un fait, les six maxi-trimarans se sont tous arrêtés, un seul n’est pas reparti : SVR Lazartigue est rentré par cargo. C’est un fait également que la course a vite manqué de suspense. Après l’abandon de Laperche, Caudrelier n’avait plus qu’à gérer son matelas d’avance. Tout en maîtrise, il s’est même offert le luxe de s’arrêter plus de trois jours aux Açores pour éviter d’arriver en pleine tempête à Brest.
Autre point intéressant, la mise en place de zones interdites à la navigation afin de protéger les cétacés, une première dans la course au large. N‘en déplaise à ceux qui pensent que chaque OFNI est forcément une baleine, ce genre d’initiative va dans le bon sens.
Véritable motif de satisfaction, l‘engouement autour de cette épreuve avec un village, ancré au quai Malbert, qui a souvent affiché complet. Au départ et aux arrivées, le public brestois a répondu présent. 150 000 personnes la semaine avant départ et 100 000 sur les dix jours d’ouverture du village aux arrivées. Et surtout, quelle bonne idée ce couloir en forme de haie d’honneur lors des arrivées. Un moment fort et apprécié par tous les solitaires.
Côté organisation, le pari est réussi. « Objectifs atteints et dépassés », selon Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick, qui évoque des retombées médiatiques « à ce jour, 50 millions d‘euros en équivalent d’achat d’espace ».
C‘était la première fois que les équipes d’OC Sport Pen Duick organisaient un tour du monde : « La première édition, c’est toujours la plus difficile mais on a réussi », analyse Hervé Favre, patron d’OC Sport - Pen Duick, filiale du Groupe Télégramme. Avant le départ, les partenaires, Arkéa, la ville de Brest, la Région Bretagne et la classe Ultime, avaient déjà signé pour une deuxième édition en 2027 - 2028. Où sont espérés sept à huit Ultimes sur la ligne. On a déjà hâte d’y être.