Il avait espéré disputer les Jeux Olympiques. Mais au changement de support (de la RS : X à l’iQFoil), la donne a changé, les gabarits aussi. Et Louis Giard a fini par renoncer à son rêve. Fin 2022, il a dit stop : « On parle d’arrêter et on sait que ça peut arriver d’un jour à l’autre mais ça fait quand même quelque chose. C’est un gros truc qu’on perd dans notre quotidien parce que c’est ce qui dicte tous les choix ces dix dernières années. »
Constituer un équipage féminin
À 30 ans, il a donc changé de cap. « Il faut ensuite se relancer dans un process de boulot, faire des entretiens, essayer de se vendre correctement. Et ce n’est pas toujours évident. Il y a eu des petits doutes. » Le Carnacois enchaîne pourtant assez vite sur les Jeux Olympiques de Paris : « J’ai bossé pendant 10-11 mois pour le comité d’organisation. Comme je n’avais pas fait les Jeux en tant que sportif, je trouvais sympa de voir l’envers du décor. »
Le vent le pousse jusqu’à Concarneau avant les Jeux et c’est à la tête du tout nouveau projet de MerConcept que le planchiste se retrouve : « Mon rôle sera la gestion technique et sportive du projet Ocean Fifty en relation avec le partenaire fondateur qui est 11th Hour Racing. Une de mes premières grosses missions sera de constituer cet équipage 100 % féminin. L’appel à candidatures est en cours jusqu’à fin mars. On a déjà une trentaine de réponses avec beaucoup de filles issues du monde entier. C’est hyper positif parce que ça montre que la course au large intéresse les femmes et pas seulement en France ».
Avec son MBA Management du sport et sa passion pour la course au large - « C’est un milieu qui me passionne depuis toujours. Ça rejoint un peu le côté boulot-passion que je pouvais avoir quand j’étais planchiste » -, Louis Giard devient donc team manager de Up Wind by MerConcept, un projet Ocean Fifty construit autour d’un équipage 100 % féminin, dont le skipper sera l’Italienne Francesca Clapcich.
« J’ai beaucoup de choses à apprendre »
« On a connu en course au large quelques projets 100 % féminin mais c’est quand même trop rare. Il en faut plus. Il faut développer la pratique féminine dans notre sport. Ça arrive à point nommé », glisse l’ancien planchiste morbihannais. Et malgré ses lacunes techniques, il sera bien entouré : « Je ne suis pas un pur technicien mais il y a Finn (Clark) qui est le boat captain anglais. Il a participé à la dernière Ocean Race avec 11th Hour Racing. Il est très pertinent et je vais pouvoir m’appuyer sur lui pour le côté technique. Il y a tout l’environnement MerConcept disponible quand on en a besoin. J’ai beaucoup de choses à apprendre là-dessus et je suis très curieux de progresser. »
Avec Erwan Le Roux, Louis Giard a eu l’occasion de naviguer à bord de ces trimarans de 50 pieds : « Ça m’a peut-être aidé d’avoir déjà navigué un peu sur ce support pour en arriver là. Dans la classe, il y a tous les ingrédients pour en faire quelque chose de super. J’espère que le circuit va s’accélérer dans les années à venir. Il y a eu un petit creux l’an passé mais cette année, on va être à dix bateaux, ça va être super. C’est un exercice de naviguer sur ces bateaux, surtout à l’échéance d’une Route du Rhum. Ce challenge est vraiment chouette. Retrouver ce sentiment d’être sur le fil, qui est quasiment omniprésent en trimaran, ça me plaît. »
Ce qui lui plaît aussi, c’est d’avoir intégré une écurie comme MerConcept : « Je ne pouvais pas rêver mieux que de tomber dans cette écurie. C’est impressionnant ! Tous les jours, j’appends auprès des techniciens qui sont à la pointe dans chacun des domaines ». Tout jeune dans ce métier de team manager, ce compétiteur dans l’âme aime relever les défis : « J’espère être juste et au niveau dans ma mission ».