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Stéphane Kandler : « Franck Cammas était indispensable au projet français pour la Coupe de l’America »
Stéphane Kandler, 53 ans, co-directeur du défi français Orient Express Team, s’est engagé pour la troisième fois sur la Coupe de l’America qui se déroulera cette année Barcelone. Voici la deuxième partie de l’entretien (2/3).
Coupe de l’America, la grande interview de Stéphane Kandler
Episode 1 : Stéphane Kandler, patron du Défi français : « Un projet Coupe de l’America, ce n’est pas beaucoup plus cher qu’un projet Ultime » Episode 2 : «Franck Cammas était indispensable au projet français pour la Coupe de l’America», selon Stéphane Kandler Episode 3 : « On a envie de ramener cette Coupe de l’America en France », affirme Stéphane Kandler, patron du Défi français, sortie jeudi 28 mars
En 2013, vous quittez le monde de l’America’s Cup pour y revenir en 2021 : pour quelles raisons ?
Revenons en arrière : quand Grand Dalton reprend Team New Zealand en 2003, ils sont au fond du trou, ils prennent à nouveau une énorme claque en 2013 (ils perdent 9 à 8 après avoir mené 8 à 1) avant de gagner le trophée deux fois. Cela veut dire qu’il faut être persévérant, je pense c’est une de mes qualités. Voire être obstiné. Donc, il faut y croire. Pourtant, en 2013, quand j’ai quitté, je me suis dit « jamais, je ne reviens sur la Coupe ». Mais en 2021, ça a été une révélation, j’ai échangé avec Bruno Dubois. Je pense que c’était le bon moment pour revenir sur la Coupe de l’America.
Parlons de votre duo avec Bruno Dubois : la partie sportive, c’est lui et l’argent et les sponsors, c’est vous ?
Quand j’ai appelé Bruno, je lui ai dit que je n’irais pas seul. On se connaît depuis 25 ans avec Bruno, il avait déjà gagné la Volvo Ocean Race et possédait une grande expérience, on se respecte. Je lui ai dit « on va faire ça à deux », ce sera notre force. Nous sommes la seule équipe à fonctionner ainsi, c’est un atout considérable. On s’est réparti les rôles.
Avant même de se lancer, on est allé voir Franck, on a voulu le convaincre qu’il était absolument indispensable à un projet français. Qu’il y avait des nouveaux bateaux avec de nouvelles contraintes et que, peut-être, qu’il y avait matière à laisser la place à des jeunes bourrés de talent. Ce fut une longue discussion sur ce sujet-là. On sait que c’est le meilleur développeur de bateaux français depuis des années, on avait besoin de lui. À partir du moment où on s’est entendu sur son rôle, l’histoire avec Quentin Delapierre s’est bien goupillée. Bruno Dubois s’occupait du SailGP et on voulait que la France prenne sa place, donc on a changé pas mal de choses. Ce qui nous a valu des critiques, notamment de mettre Quentin Delapierre à la place de Billy Besson. C’est là qu’on se retrouve avec Bruno Dubois, on n’hésite pas à dire franchement les choses. Avec Bruno, les rôles sont clairement définis et ça fonctionne car chacun des deux restent à sa place.
Vous avez décidé d’acheter le design package aux Néo-Zélandais : ça change quoi ?
J’ai appelé Grant Dalton, le patron des Néo-Zed, car je voulais être sûr d’avoir un bon bateau. Ce deal, c’est un raccourci pour gagner du temps. Sans une bonne machine, on retombe dans les mêmes discours, à savoir « ils ne vont pas y arriver ». Même l’équipage se serait mis à douter. On ne voulait pas ça, d’autant plus qu’on partait de zéro, il n’y avait rien. On a acheté de la confiance, de la tranquillité. Team New Zealand était très intéressé par le fait d’avoir une équipe en plus, par le fait de gagner aussi de l’argent.
Qu’est-ce qui vous garantit que les Néo-Zélandais vont jouer le jeu à 100 % en vous livrant le même bateau que le leur ?
Je ne peux pas répondre à cette question… On travaille avec une grande confiance, Grant Dalton est comme moi, nous n’avons jamais eu des milliardaires derrière nous. Lui comme moi, nous sommes toujours allés chercher des sponsors, c’est comme cela que le respect s’est installé entre nous. Je sais que Grant Dalton me respecte pour cela.
Comment avez-vous opéré pour vendre ce projet à des marques du CAC 40 ?
J’ai travaillé avec plusieurs marques, j’ai parfois lancé des projets un peu fous, j’ai toujours pris des risques financiers pour lancer des projets. On ne peut pas m’enlever ça, je ne dois rien à personne. On a convaincu des partenaires aussi sur notre façon de faire, sur notre stratégie. Aujourd’hui, ce sont des marques du CAC40 qui nous suivent et qui regardent nos comptes. Nous sommes à livre ouvert avec eux.
On est à peu près certain que la prochaine édition se déroulera à nouveau en Europe sur les mêmes bateaux : pour vous, ça change tout ?
Oui complètement. On va garder les bateaux, ça sécurise nos partenaires. On ne jette plus les bateaux à la poubelle d’une édition à l’autre. Donc, c’est très positif. On garde aussi nos effectifs qui naviguent sur le circuit SailGP. On a enfin le K-Challenge Lab, une structure imaginée dès le départ avec un simulateur notamment. On a développé des innovations afin de sécuriser les ingénieurs, les architectes français qui représentent la plus grosse communauté sur l’America’s Cup. Je peux le dire maintenant mais c'était mon rêve que Guillaume Verdier, que j’avais pris avec nous en 2003, revienne en France comme architecte. Il faut former les marins, les ingénieurs pour construire l’avenir. on veut pérenniser une structure de haut niveau, on veut travailler sur le long terme.
Cette fois, vous pensez qu’il y a moyen d’aller titiller les meilleurs ?
Si on n’avait pas eu la possibilité d’avoir un bon bateau, ça n’était pas la peine d’y aller parce qu’on n’aurait pas pu démontrer la vraie valeur de notre équipe. Là, on va arriver à armes égales. Nous sommes une équipe jeune, on a l’avantage d’avoir de la fraîcheur. L’inconvénient, c’est qu’on a peut-être moins d’expérience mais on montre le bout de notre nez. On a réussi une saison incroyable en SailGP l’an passé, là, nous avons très vite été opérationnels en AC40. On voit que l’équipage, avec Quentin Delapierre à sa tête, est capable de passer d’un support à l’autre assez facilement. Depuis début janvier, on navigue en Leg 12, donc des petits AC75, et ça roulait dès la première journée. On a un atout car nous avons été les premiers à miser sur un skipper qui n’est pas de la génération des « skippers archimédiens ». On a aujourd’hui des marins qui ont renoncé aux Jeux olympiques en France pour disputer la Coupe de l’America. Et quand Quentin Delapierre fait son choix, on n’a pas le dixième de ce qu’on a aujourd’hui. C’est un choix fort de sa part. Il s’est remis en question à chaque fois.
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